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Fenêtres sur le passé
1879
Le chauffage dans les classes
Source : Le Petit Brestois décembre 1879
Le chauffage dans les classes
Les Écoles d'Arrondissement.
C’est aux délégués cantonaux que revient le soin de faire observer dans les écoles les règlements administratifs
sur l'hygiène.
Nous leur soumettons donc le fait suivant qui ne manquera pas de provoquer leur sollicitude.
Les communes s'imposent de lourds sacrifices pour les écoles, mais les ressources de leur budget
ne leur permettent pas de faire face à toutes les nécessités ;
la plupart des écoles ne sont pas chauffées pendant l’hiver.
Nous traversons une saison rigoureuse, et il est pénible de penser que de pauvres petits êtres soient astreints
des heures entières à observer une neutralité qui est contraire à leur nature.
Comment pourraient-ils tenir une plume, s'appliquer à un exercice intellectuel, lorsqu'il gèle à pierre fendre.
Il y aurait intérêt à abréger la durée des classes
et à multiplier les récréations.
Dans nos campagnes, principalement,
l'hiver est l'époque où la classe est le plus fréquentée,
les enfants n'étant pas réclamés par leurs parents
pour le service de la moisson et des travaux de labourage.
C'est donc pendant l'hiver qu'ils doivent redoubler d'ardeur
pour réparer les pertes de temps occasionnées par ces travaux.
Mais il y a encore autre chose, chose des plus graves et qui nous semble de nature à détériorer la santé des élèves.
Certaines institutrices, émues de compassion sans doute pour leurs élèves,
ont contracté l'habitude d'allumer au milieu de l'école des réchauds alimentés par le charbon de bois ou la braise ; chaque élève peut à son tour suspendre ses mains au-dessus de ce foyer, et retourne à sa place.
Cette chaleur ne réconforte guères ces enfants que le froid de l'atmosphère ambiant ressaisit aussitôt ;
de plus ce mode de chauffage donne lieu à un perpétuel va-et-vient,
à un sabotage continuel qui trouble la tranquillité de la classe, et puis il est pernicieux à la santé des élèves.
Quiconque a pénétré dans une classe où sont entassés pendant trois heures 70 ou 80 élèves,
est suffoqué par les odeurs fétides qu'elle emmagasine, tout l'air respirable a été absorbé,
il ne reste plus qu'un acide carbonique qui peut déterminer de grands désordres dans l'organisme humain,
et c'est pour cette raison que l'on recommande aux institutrices d'aérer les appartements
afin d'en expulser les gaz délétères.
Mais ces réchauds dégagent une quantité d'acide carbonique
qui empoisonne l'atmosphère, et qui mélangé aux autres gaz finiraient par provoquer des vertiges et une espèce d'asphyxie.
Il faut donc à toutes forces interdire ces procédés,
chasser de ces écoles les chaufferettes dont les maîtresses
ou sous-maîtresses ont l'habitude de se servir,
et aviser à des moyens plus salubres de chauffer les écoles.
Nous ne voulons pas signaler les écoles où on a adopté
ces procédés ;
il suffirait, aux délégués d'interroger les élèves
des diverses écoles de l'arrondissement, ils ne tarderaient pas
à reconnaître la vérité du fait que nous avançons.