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Fenêtres sur le passé
1886
Règlement de la police des spectacles de Brest en1819
Source : La Dépêche de Brest 23 décembre 1886
C'est un arrêté municipal de 1819, fait en l'hôtel de ville de Brest, le 12 mai, par M. Henri, maire de la ville,
chevalier de la Légion d'honneur, sur la police du spectacle.
On se plaint de temps à autre du tapage dont certains habitués des coins reculés du parquet
se rendent assez volontiers coupables.
À en juger par l'arrêté que nous avons sous les yeux, c'était bien autre chose au commencement du siècle.
Les mœurs, depuis, se sont adoucies, les spectateurs d'aujourd'hui sont gens fort policés et très doux.
Mais alors ! Voyez quelques articles :
Art. 3. — Il est expressément défendu aux spectateurs de s'asseoir sur l'avant-scène ou sur le bord des loges ;
d'y placer un objet quelconque ;
de parler au public ;
d'interpeller les acteurs, sous quelque prétexte que ce soit ;
d'exiger qu'ils chantent, ou déclament des pièces ou morceaux étrangers au spectacle annoncé par voie d'affiches ; de rien jeter sur le théâtre ou dans toute autre partie de la salle ;
de commettre aucune dégradation ;
d'occasionner des bruits, tapages ou rixes, et même d'y prendre part, enfin de troubler en aucune manière
la tranquillité dans ce lieu public.
Art. 4. — Il leur est également interdit, pour éviter tout trouble, de réclamer la lecture d'aucun billet jeté sur la scène, au mépris de la disposition précédente, attendre la faculté qu'ils ont de porter leurs réclamations
à l'autorité municipale ou à l'agent de police.
Art. 9. — Il est expressément défendu à qui que ce soit d'introduire des chiens dans la salle ou sur le théâtre.
Les portiers, concierges et ouvreuses de loge veilleront scrupuleusement à cette disposition.
Art. 11. — Il est défendu aux spectateurs placés dans les loges
de tourner le dos public ou de s'allonger sur les bancs soit
avant le rideau levé, soit pendant les entr'actes, et à ceux placés dans les banquettes ;
de se tenir debout pendant les représentations.
Art. 13. - Les bourgeois auront seuls entrée aux troisièmes loges, qui n'étaient précédemment destinées
qu'aux militaires.
Art. 16 - Une garde de trente hommes commandée par un officier, est placée au corps de garde...
Art 18. — Cette garde fournit huit plantons dans le corridor extérieur des premières loges,
quatre dans ceux du parquet, et deux dans celui des troisièmes loges.
Ces plantons parcourent lesdits corridors pour veiller à ce qu'il ne s'y fasse aucun bruit pendant le spectacle
et arrêter les perturbateurs...
Les plantons de service dans les corridors veillent en outre à la sûreté des clefs qui se trouvent placées
dans les serrures des portes en diverses issues.
Ce dernier paragraphe nous laisse entrevoir plus d'une grosse farce dont les couloirs devaient être témoins.
Qui songerait à prendre les clefs aujourd'hui ?
Rendons hommage à nos bonnes mœurs, non sans demander cependant qu'on se décide, dans les coins obscurs
du parquet, à renoncer une bonne fois pour toutes, à ce qui vient, trop souvent encore,
rappeler aux vieux habitués les coutumes bruyantes du vieux temps.