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Fenêtres sur le passé
1921
Réflexions sur le travail des femmes
Source : Le Petit Breton janvier 1921
La Chronique Sociale de France a publié, récemment, un article
sur les efforts tentés par un industriel bordelais,
pour rendre l'atelier accessible aux femmes qui, avant la perte de leur mari
ou de leur père, jouissaient d'une situation sociale.
Nul n'ignore que beaucoup de ces femmes, obligées par
les circonstances de gagner leur vie, s'adonnent à des travaux
qui ne rapportent pas grand-chose, mais qui leur permettent
de masquer leur déchéance.
Cet industriel bordelais a voulu améliorer la situation vraiment pénible
de ces femmes en leur rendant, possible le travail de l'usine,
celui qui actuellement donne les plus gros salaires et permet au moins d'éviter la misère.
Pour cela, il a organisé pour ces dames un atelier spécial dans l'usine ;
il leur a fixé des heures d'entrée et de sortie spéciales et par une grille particulière ;
le contact avec le reste du personnel est réduit au strict minimum.
Et l'article nous apprend qu'après quelque temps d'apprentissage, ces dames sont arrivées à gagner de hauts salaires.
Leur rendement est très bon.
Il faut d'ailleurs noter qu'il ne s'agit pas de travaux de force, mais bien de travaux compatibles avec la faiblesse féminine, puisqu'il s'agit en l'espèce, de mettre des étiquettes et des capsules sur des bouteilles de liqueur.
L'initiative de ce commerçant est certainement des plus louables et,
pour ma part, je l'approuve hautement.
Mais après avoir lu l'article de la Chronique sociale,
je n'ai pu m'empêcher de penser que, s'il faut de la considération
pour les femmes qui ont joui de l'aisance autrefois,
je ne vois pas pourquoi la femme qui travaille depuis sa jeunesse
doit être à priori écartée de cette considération.
Pourquoi cette distinction entre femme du peuple et femme qui n'est pas du peuple ?
On me dira que l'ouvrière de métier a moins de sensibilité, moins de délicatesse que la femme riche.
Je répondrai que si cela est vrai très souvent, ce n'est pas cependant une règle générale et qu'en tout cas
ce n'est pas une raison suffisante pour manquer d'égards à l'ouvrière de métier, pour lui infliger la situation
que nous avons vu faire aux ouvrières dans certaines usines.
Pour cela, il aurait fallu avoir pour l'ouvrière en général,
le respect dû à toute femme qui ne s'est pas mise, d'elle-même, en marge.
Le fait de travailler pour gagner sa vie semble être considéré comme
une tare pour une femme, et cela par toutes les classes de la société.
Il faudrait combattre ce préjugé en attendant qu'on puisse revenir
à ce qui est l'ordre naturel : La femme au foyer.
Pour ne parler que de l'arsenal de Brest on peut dire que pendant la guerre, le travail des femmes y fut organisé d'une façon honteuse.
Je ne parle pas du recrutement, dont, les règles, fixées par décret,
forçaient, la main aux autorités locales.
Mais on a vu le travail de nuit organisé avec des heures de relève choisies sans souci de la sécurité des routes
On a vu des mères de famille aussi bien que des jeunes filles,
avoir vestiaire commun, se changer coude à coude avec des jeunes gens.
Il était même des ateliers où le vestiaire n'existait pas.
Les armoires étant disséminées dans l'atelier à proximité des machines.
Les réfectoires, n'en parlons pas.
Les lieux d'aisance !!! Jetons un voile
Les soins médicaux :
L'arsenal a occupé jusqu'à 2000 femmes et on n'a jamais eu idée d'y employer une seule infirmière.
Pendant, longtemps il n'y avait, pas dans tout l'établissement un seul infirmier de service la nuit.
Une femme indisposée était soignée par son chef direct, au petit bonheur.
Ah I certes, il y avait les nécessités de la défense nationale.
Il fallait mettre en route au plus vite la fabrication des obus.
Auprès des souffrances des femmes des régions envahies, ces récriminations peuvent paraître mesquines.
Oui, c'est vrai, mais tout de même, avec tant de ressources à sa disposition, on aurait pu, petit à petit,
améliorer ce triste régime et le rendre convenable.