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Fenêtres sur le passé
1938
Au Portzic,
édification d'une école pour les apprentis marins
Source : La Dépêche de Brest 9 octobre 1938
Depuis 102 ans l'école des mousses était sur rade.
Elle va revenir à terre et des bâtiments vont être édifiés au nord du fort du Portzic, près du goulet,
pour les écoles actuellement casernées sur les navires-écoles Armorique, Trémintin et Gueydon.
Le 1er mars 1832, fut créée la première compagnie de mousses « attachée à la division des équipages de ligne
du port de Brest ».
Elle fut casernée à la Cayenne au fond de l'anse de Pontaniou.
Trois ans après, il fallut créer une deuxième compagnie qui fut logée aux Capucins.
Sur proposition du vice-amiral Grivel, alors préfet maritime, approuvée par une dépêche ministérielle du 18 avril 1936, l’école des mousses fut transférée le 14 mai de la même année sur un bâtiment disposé et emménagé spécialement pour les recevoir, à peu près dans les mêmes conditions que l'étaient sur le vaisseau l’Orion,
les élèves de l'École Navale.
Avec cette différence toutefois, que l'Abondance où allaient être casernés les mousses
n'était qu'une « corvette de charge », navire connu, quelques années plus tôt dans la marine royale,
sous le nom de « flûte » et non un vaisseau comme le futur Borda.
L’Abondance fut mouillée à poste fixe du « banc du Château. »
La Bretagne IV - ex transport à voiles Mytho / Armorique en 1910
L'école élémentaire de la Cayenne — caserne bâtie pour les marins vers 1720, auquel ce nom fut donné parce que
des colons envoyés à Cayenne y séjournèrent en 1768 — continua à fonctionner sur l'Abondance
sous la direction du même professeur spécial, M. Marcolas.
La corvette Cérès fut d'abord choisie pour servir aux exercices et aux instructions sous voiles des mousses.
Elle dut être abandonnée, ses dimensions n'étant pas en rapport avec la force physique des enfants appelés
à la manœuvrer.
Elle fut remplacée par le petit « brig » la Lyonnaise.
Les lieutenants de vaisseau Le Borgne et Magré, commandaient les 1ère et 2ème compagnies.
Les lieutenants de frégate Fay et Sourbets avec un capitaine d’armes, quelques sous-officiers et 15 matelots,
choisis parmi les hommes mariés et les meilleurs sujets, les secondaient.
Le lieutenant de vaisseau Le Borgne, le plus ancien, prit le commandement de l'Abondance.
Mais l'hiver, l'Abondance et la Lyonnaise roulaient par mauvais temps, à leur mouillage du « banc du Château ».
On dut les déplacer pour les mettre dans la « Fosse de la Ninon », endroit plus sûr et plus proche de la terre.
La vie des mousses n'était pas douce à cette époque, ce qui peut expliquer les menaces dont les papas abusaient alors vis-à-vis de leurs enfants :
« Si tu n'es pas sage, on te mettra aux mousses. »
L'oisiveté cette source de tant de maux, disait une dépêche ministérielle,
sera sagement et prudemment écartée en observant l’emploi du temps suivant pendant l’été :
Lundi, mardi, mercredi, vendredi et samedi
De 5 heures à 5 h. 45 du matin : branle-bas ; prière et déjeuner.
De 5 h. 45 à 7 h. 30 : nettoyage du bâtiment ; Inspection de propreté.
De 7 h. 30 a 9 h. 30 : école élémentaire.
De 9 h. 30 à 10 heures : dîner.
De 10 heures à 4 heures : transbordement à bord de la Lyonnaise ; appareillage ; louvoyage ;
retour au mouillage et à bord de l'Abondance.
De 4 heures à 4 h. 30 : souper.
De 4 h. 30 à. 5 heures : repos.
De 5 heures à 7 heures : exercices du canon et du fusil.
De 7 heures à 7 h. 15 : prière et « bas les branles ».
Quand le temps ne permet pas d'appareiller : Leçons nautiques et de timonerie.
Le samedi, une demi-heure sera consacrée au nettoyage des effets.
Le jeudi
De 5 heures à 5 h. 45 : branle-bas ; prière; déjeuner.
De 5 h. 45 à 9 h. 30 : lavage des effets de travail ou des hamacs ; nettoyage du bâtiment.
De 9 h. 30 à 10 heures : dîner.
De 10 heures à 11 heures : repos.
De 11 heures à midi ; instruction religieuse.
De midi à 3 heures : raccommodage des effets et devoirs religieux.
De 3 heures à 4 heures : nettoyage des armes.
De 4 heures à 4 h. 30 : souper.
De 7 heures à 7 h. 15 : prière et « bas les branles ».
Le dimanche
De 5 heures à 5 h. 45 : branle-bas ; prière ; déjeuner.
De 5 h. 45 à 7 h. 30 : nettoyage du bâtiment.
De 7 h. 30 à 8 h. 30 : diner; inspection en grande tenue.
De 8 h. 30 à 4 heures du soir : transport à terre de la moitié des mousses pour aller à la messe à Recouvrance
et ensuite à la promenade, surveillée par des seconds maîtres et quartiers-maîtres ; retour à bord.
(L'autre moitié reste pour le service du bord.)
De 4 heures à 4 h. 30 : souper.
De 7 heures à 7 h. 15 : prière et « bas les branles ».
Quand on songe que cet emploi du temps de l’été 1836 était appliqué à des enfants de 13 à 16 ans,
on ne peut que plaindre la vie de ces petits mousses, mal nourris et dressés à coups de « garcette ».
Que ceux qui ont été admis à l'école des apprentis marins et y sont entrés cette semaine se rassurent.
Il n'en est plus de même aujourd'hui.
Les demandes d'admission ont été très nombreuses, plus de deux mille ce qui a permis de faire une très sérieuse sélection et de choisir parmi les candidats pendant âgé de 15 ans et demi, les possesseurs du brevet élémentaire, ceux qui ont suivi des cours complémentaires et les titulaires du certificat d'études.
Depuis lundi dernier, 551 nouveaux ont embarqué sur l’Armorique.
Les visites médicales très sérieuses qu’ils passent en arrivant, prendront fin mardi prochain.
Une commission présidée par M. Guennec, chef des études, et composée de MM. Ménez, Goffe, Coquil, Daoulas, Riou, Jouve, Pichon et Coat est chargée de faire subir à chaque élève reçu, un examen d'entrée.
L'admission à l'École de maistrance est terminée :
79 jeunes gens ont rejoint le Trémintin.
Cette école est dirigée par le lieutenant de vaisseau Fleury et l'officier des équipages Quillien.
Après un an de cours, les élèves sont dirigés vers les écoles de spécialités, d'où ils sortent avec le galon d'or strié
de bleu et forment les excellents cadres d'officiers-mariniers instruits dont la marine a de plus en plus besoin.
Les autres reçoivent une très bonne instruction et les meilleurs peuvent suivre la section spéciale de préparation
à l'école de maistrance, dont les professeurs qui en sont chargés ont obtenu de leurs élèves, l'an dernier,
un succès particulièrement brillant.
Les jeunes apprentis marins ont essayé, avec fierté, leurs divers uniformes et ont pu apprécier les menus copieux
et abondants qui leur sont servis.
Ils ne ressemblent heureusement en rien à ceux composés de fayots et de gourganes
que mangeaient leurs grands-pères sur l'Abondance.
Ils ont pu constater que sous la bienveillante direction du capitaine Bouvet de la Maisonneuve
et de leurs paternels officiers-instructeurs, la vie à bord de l’Armorique était agréable et qu'il suffisait pour satisfaire leurs chefs de travailler et d’avoir une bonne conduite.
Au mois d’avril, leurs bâtiments mouilleront près de Plougastel, mais ce ne sera guère avant deux ans
que sera inaugurée l’école à terre du Portzic.
F.M.