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Fenêtres sur le passé
1938
Le vieux Brest
Le Sfax, Dreyfus et Brest en 1898
Source : La Dépêche de Brest 27 novembre 1938
Le 22 septembre 1898, le Sfax, commandant Coffinières de Nordeck, sortait de l'arsenal pour aller faire des essais et régler ses compas.
Dans un port comme le nôtre un pareil mouvement ne peut passer pour un événement.
Mais le Sfax qui, quelques jours plus tard, partait pour les Antilles, allait pendant un long moment défrayer la chronique des informateurs.
L'affaire Dreyfus battait son plein et l'on sait quels remous elle soulevait dans tout le pays.
Le jugement du Conseil de guerre de Paris ayant été cassé, ordre fut donné au Sfax de ramener en France le prisonnier de l'île du Diable.
Au départ de Cayenne, il était entendu que le débarquement devait s'opérer à Brest.
Dans notre ville, jour et nuit, on attendait le retour du navire.
De nombreux journalistes de Paris y étaient venus dans cette intention.
La nervosité était très grande.
Des réunions, des manifestations avaient lieu.
Chaque soir, les bruits extraordinaires circulaient qui provoquaient d'interminables courses vers l'avant-port où en bordure de la rade.
Enfin le 1er juillet 1899, on apprenait de façon certaine cette fois, que le capitaine Dreyfus avait été débarqué
à 3 heures du matin à Quiberon et aussitôt dirigé sans attirer l'attention, sur la prison de Rennes.
Le fait se vérifiait quand on vit arriver, dans l'après-midi, le Sfax sur rade.
Au cap Saint-Vincent le navire avait reçu le contre-ordre.
Aussi n'est-ce pas sans étonnement que nos concitoyens purent voir en tête d'un grand journal illustré parisien photos et dessins représentant le débarquement du capitaine dans l'avant-port de Brest.
Le confrère s'était cette fois trop pressé.
Source : La Dépêche de Brest 2 juillet 1899
Dès six heures, hier matin, la nouvelle se répandait en ville, comme une traînée de poudre, que Dreyfus avait débarqué à Quiberon et avait été aussitôt dirigé sur Rennes par train spécial.
On conçoit la surprise générale :
L'ex-prisonnier de l'île du Diable était attendu depuis plus de dix jours à Brest.
C'est seulement dans la matinée que les autorités civiles et maritimes ont été avisées officiellement du débarquement de Dreyfus et de son internement sans incidents à la prison militaire de Rennes.
Nous avons rencontré un fonctionnaire, qui nous a déclaré qu'il avait été très surpris des événements d'avant-hier soir.
— À mon avis, nous a-t-il dit, le gouvernement a dû envoyer, à la dernière minute, ses instructions sous deux plis cachetés, l'un portant la mention Brest, l'autre celle de Quiberon.
Voyant que toute l'attention était portée sur Brest, le gouvernement a alors donné l'ordre au commandant Coffinières de Nordeck de décacheter le second pli, et, se conformant aux instructions qu'il contenait, le commandant du Sfax s'est dirigé sur Quiberon.
Nous savons de source certaine qu'au reçu du télégramme officiel annonçant l'arrivée de Dreyfus à Rennes,
le chef de gare de Brest a été aussitôt avisé qu'il n'avait plus à se préoccuper de la formation du train.