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Fenêtres sur le passé
1939
Un convoi de 160 réfugiés espagnols
est arrivé hier à Brest
Source : La Dépêche e Brest 9 février 1939
Un convoi de 160 réfugiés espagnols est entré hier en gare de Brest, à 12 h. 30.
Toutes les dispositions utiles, concernant le ravitaillement et l'hygiène, avaient été prises, comme lors des précédentes arrivées.
Le service d'ordre, comprenant des gendarmes, des gardes mobiles, des agents, etc.,
avait été organisé par M. Homez, commissaire divisionnaire.
Il fonctionna extrêmement bien et toutes les opérations furent effectuées dans le minimum de temps.
À 15 heures, les autocars, dans lesquels avaient été répartis les réfugiés, quittaient la gare.
C'était la dernière étape du tragique exode.
Sur les quais de la gare, on remarquait, parmi les nombreuses personnalités présentes :
MM. Morel, sous-préfet de Brest ;
Lullien, premier adjoint au maire ;
Parent, adjoint ;
Belin, conseiller municipal ;
M. le capitaine Meinier, commandant les sections de gendarmerie ;
M. Courtin, commissaire central ;
les docteurs Mignard et Lemoyne ;
M. Berthelot, secrétaire général de l'Union départementale des syndicats ;
M. Guillard, secrétaire général de la sous-préfecture, etc.
On remarquait également la présence de M. Thiébault, délégué de l'U. F. F., dont les infirmières étaient dirigées par Mmes Boulais, Chabal et Quintel.
Ce premier groupe devait être spécialement chargé du ravitaillement des réfugiés.
Les infirmières de la S. B. M. étaient, comme les premières, réunies au nombre d'une douzaine, sous la direction de leur présidente, Mme Laulaigne.
Ces infirmières devaient assister M. le docteur Mignard, dans les locaux de la gare,
pour la vaccination et la visite médicale.
Le train entre en gare à l'heure prévue.
Femmes et enfants se pressent aux fenêtres et regardent curieusement ce paysage nouveau.
Tout est prêt pour recevoir ces exilés, dont les yeux reflètent encore l’angoisse des jours passés.
Le débarquement se fait par petits groupes de 25 personnes.
Chacun passe d’abord à la vaccination, avant de venir se restaurer.
On distribue largement les portions de bouillon chaud, les sandwiches, les bananes,
les biberons de bon lait pour les petits.
Ce repas improvisé apporte un peu de couleur aux joues, un sourire aux lèvres.
Certains des réfugiés sont comme engourdis par ce voyage, si long et si pénible.
Ils éprouvent quelque peine à descendre de leur wagon.
Alors, infirmières, gendarmes et gardes mobiles, leur apportent l'aide indispensable.
Une vieille femme se refuse à quitter sa place, mais quelques mots de consolation l'ébranlent dans sa résolution et, bientôt, elle rejoint ses compagnes.
Il y avait, dans le convoi, un Français, originaire de Levallois et qui fit partie des brigades internationales,
il s'était marié avec une Espagnole.
Sa maison a été détruite à Matarxo.
— Je me trouvais à Barcelone le jour même de la prise de la ville, dit-il.
Nous avons vécu là des heures terribles.
Je travaillais avec ma femme à l'hôpital international.
Le dernier bombardement avait fait plus de 800 morts.
Dans notre convoi il y a beaucoup de familles de Barcelone.
Il a fallu, enfin, partir vers Gerone, puis vers Figueras.
De là, ce fut l'exode vers la frontière...
Voici un autre milicien, sujet belge :
— Je me suis engagé dans les brigades, nous dit-il, le 9 novembre 1936.
C'est à Guadalajara que j'ai été grièvement blessé, le 28 février 1937.
Depuis j'étais à l'hôpital.
Quand il a fallu partir, pour gagner la frontière française, ce fut véritablement tragique.
Des avions franquistes mitraillaient nos convois.
Les mitrailleuses décimaient nos rangs...
Certains des réfugiés reçus hier, sont dans un état physique précaire, dû principalement à la sous-alimentation.
La fatigue a creusé sur leurs visages de profonds sillons.
Ils avaient quitté le Perthus dimanche soir.
Dans le convoi, on remarque une jeune milicienne, vêtue d'une combinaison de « mécano », vert olive.
Au revers de son col, elle porte plusieurs insignes qui indiquent son emploi de mécanicienne.
Deux blessés, André Quen, 23 ans, atteint d'une balle au genou, et Mattiel Roch, 24 ans,
vont lentement sur le quai, aidés de leurs béquilles.
Une ambulance arrive, dans laquelle ils prennent place, après s'être restaurés.
Peu à peu, le convoi se vide.
Les réfugiés, à quelques unités près, ont été ainsi répartis :
15 à Saint-Pierre-Quilbignon, 12 à Landunvez, 5 à Plouarzel, 23 à Bertheaume, 15 à Porspoder (ville),
90 à la colonie de vacances de Porspoder.
Naturellement, il fallut, comme lors de l'arrivée des trains précédents,
faire en sorte de ne pas séparer les membres d'une même famille.
Les bagages importants furent soumis à la visite réglementaire, au commissariat spécial de la gare.
À l'issue des visites médicales, deux blessés, deux femmes avec trois enfants et deux fillettes,
dont l'état nécessitait des soins particuliers furent admis i l'hospice civil.