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Fenêtres sur le passé
1939
Les surprises du terrassier
à Guipavas, au Petit-Paris, la Forest-Landerneau
Source : La Dépêche de Brest 7 avril 1939
— Que voulez-vous que nous fassions par un temps pareil ?
Remuer de la boue !
Le vieux terrassier s'est laissé choir sur un tabouret, dans l'angle de cette auberge où il est venu chercher abri.
Aux vitres, pluie et grêle emmêlées tambourinent avec acharnement.
Avec la lame de son couteau, il racle la boue compacte et noire qui enrobe ses épaisses chaussures.
— Et pourtant, poursuit-il, on travaillait avec entrain, car on pouvait espérer découvrir autre chose.
— Autre chose ?
— Eh ! oui, quelque chose de plus intéressant pour nous.
Cela n'a rien de si extraordinaire.
Nous autres, dans la terrasse, quand on commence un travail, on peut s'attendre à des surprises.
J'en ai eu plus d'une pour ma part.
« Il y a parfois des terrains qui, sous la pioche, rendent de drôles de sons creux ou qui, visiblement, ont été travaillés autrefois.
Qu'y a-t-il là-dessous ? Vous comprenez, on voudrait bien savoir.
« C'est comme quand on entreprend la démolition d'une vieille maison ;
on ne sait jamais si, dans un trou de la muraille ou dans le bout d'une poutre, on ne trouvera pas une cachette.
« Tenez, l'autre jour, au Petit-Paris, à l'entrée de la route de Gouesnou, des camarades étaient occupés à raser une maison, la première peut-être de celles qui ont été construites à cet endroit.
Et vlan, d'un coup de pioche, ils découvrent des pièces d'or.
Il n'y avait pas là grande fortune, mais tout de même... ».
— Mais vous laissiez entendre que vous aviez vous-même trouvé quelque chose près d'ici.
— Oui, à Runavel, vers la limite de Guipavas et de Kerhuon.
Il y a là, sur le plateau, une sorte de bosse de terre, un tumulus qu'ils disent.
On creusait une tranchée quand, à 0 m. 80 de profondeur, on tomba sur une pierre.
Mais quelle pierre !
« Une véritable dalle de granit qui avait trois mètres de long et deux mètres de large.
Vous pensez bien qu'on a voulu la dégager.
Mais dessous il y avait des murs en pierres sèches de deux mètres de hauteur qui la portaient.
« Pour une surprise, c'en était une.
Qu'est-ce qu'elle pouvait bien nous réserver ?
On enleva des pierres pour ouvrir un passage et on se trouva dans une chambre de 2 m. 40 sur 1 m. 40 et haute de près de 2 mètres.
« Pas besoin de vous dire qu'on l'a fouillée sérieusement ; mais rien, nous n'avons rien trouvé. »
Un cultivateur qui consomme au comptoir a suivi la conversation avec un visible intérêt.
Il intervient :
— Ça ne m'étonne pas.
J'ai entendu dire par les vieux qu'on avait déjà, autrefois découvert cette chambre et qu'on l'avait explorée.
Mais jamais on ne m'en a dit davantage.
Vous pensez bien que si quelqu'un y a fait une trouvaille, il s'est bien gardé d'en parler.
Eh ! oui, c'est toujours ainsi.
La découverte d'une chambre dolménique fait songer au trésor.
Et cependant, comme il s'agit d'une sépulture, on n'y pourrait vraisemblablement trouver que des cendres.
Aussi doit-on regretter qu'il ne soit pas fait appel à des personnes compétentes en ces circonstances.
— On n'a pas arrêté les travaux pour cela.
On a tout recouvert et on a fait la tranchée en bordure de la chambre.
— Dans notre pays, reprend le cultivateur, on peut s'attendre à trouver bien des choses sous terre.
À Menezou-Vern-Vian, en La Forest, sur un plateau inculte qui domine de loin la vallée de l'Elorn, le pont A. Louppe et la rade, on pourrait, je crois, entreprendre des fouilles.
« Le terrain est creusé comme un camp retranché.
On y voit tout autour des amorces de tranchées et le sol est jonché de débris de pierres calcinées. Des vases d'argile ont été trouvés là.
« Dans l'un d'eux, une soixantaine de haches de bronze étaient soigneusement rangées.
Il en existe encore un certain nombre chez le propriétaire.
« On y a encore trouvé une autre fois des lingots faits d'un alliage d'or, d'argent et de bronze.
« Mais tout cela n'était qu'enfoui superficiellement.
Le terrain, tout bosselé, est demeuré en l'état avec sa parure de genêts et d'ajoncs. »