1939

Les anciennes troupes de la marine
en garnison à Brest
- Article 1 sur 16 -

La Marine
1626 - 1791
 

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Source : La Dépêche de Brest 20 mars 1939

Cet article est le premier d'une série de 16 résumant l'histoire des troupes de la Marine qui ont tenu garnison à Brest autrefois.

Les uniformes, exactement reconstitués d'après une documentation vérifiée, ont été dessinés par J.-E. Sévellec.

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Richelieu donne une garnison de soldats aux vaisseaux, garnison qui doit former le corps de débarquement dans les expéditions contre la terre.

Saluons le premier régiment « La Marine», crée par le cardinal en 1626, dont l'existence se continue jusqu'à la Révolution.

Louis XV l'envoie prendre ses quartiers à Brest en 1761, sous les ordres de M. de Cléron, comte d'Haussonville.

La Douceur, Joli Cœur et l'Orange, grenadiers du régiment, viennent de Dunkerque où ils se reposaient de la guerre de Sept ans.

Brest ne leur déplaît pas.

Ils logent chez l'habitant, les casernes n'étant pas encore en état de les recevoir.

Ils habitent tous trois, rue du Bois d'Amour et vivent en contact permanent, quelquefois agréable, avec les familles brestoises.

Joli Cœur, en particulier, partage sa chambre avec ses propriétaires.

La fille n'est point laide, elle lui fait oublier les rigueurs du service et les malheurs de la guerre.

Il faut les voir descendre la rue Saint-Yves sous l'habit blanc à collet et parements noirs, la perruque tressée, la moustache en pointe, le tricorne en casseur d'assiettes, cherchant l'aventure.

Ils sont braves et leur briquet n'est pas une arme de parade.

Ils ont guerroyé un peu partout en Europe et au siège de Prague, Chevert demande un brave grenadier de la Marine.

Il n'a que l'embarras du choix.

C'est la Douceur qui est l'élu:

— Tu vas monter sur ce mur, lui dit Chevert.

— Bien, mon colonel.

— Tu verras dans la nuit la sentinelle.

Elle te criera : « Werda !»

Tu ne répondras pas.

Elle t'enverra son coup et te manquera.

— Bien, mon colonel.

— Alors, toi tu la tueras et tu ne t'occuperas pas du reste.

— Suffit, mon colonel !

Le régiment, qui est à l'effectif de quatre bataillons, fournit en 1762 un détachement à l'escadre de M. de Ternay, alors à Terre-Neuve.

Cette troupe s'empare de vive force, le 27 juin 1762, de Saint-Jean, la capitale de l'île.

Le détachement rentre à Brest et les bataillons de la Marine quittent la ville aussitôt, pour n'y plus revenir.

En 1791, le régiment devient 11e d'infanterie et perdit ainsi, avec son nom, le lien de souvenir qui le rattachait à son berceau, la Marine.

MONTSECRET.

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