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Fenêtres sur le passé

1941

Brest sous les bombes

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Source : La Dépêche de Brest 1 avril 1941

 

Par une nuit très noire, mais étoilée, une escadre d'avions anglais a survolé la ville de Brest

dans la nuit de dimanche à lundi.

L'alerte commença à 22 h. 15.

Le signal de « danger passé » fut donné à 1 h. 15.

 

Durant trois heures, les aviateurs laissèrent tomber leurs bombes sur divers quartiers de la ville

et de la proche banlieue.

Plusieurs immeubles, dont une chapelle et un musée, ont subi d'importants dégâts,

comme on peut s'en rendre compte par les photos ci-contre.

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Au cours de ce bombardement cinq personnes ont trouvé la mort.

 

Habitant au 4e étage d'un immeuble, M. Marcel Palaric, âgé de 29 ans,

était descendu se mettre à l'abri au rez-de-chaussée, quand une bombe tomba

et éclata dans la cour, démolissant trois étages de l'arrière de l'immeuble.

Les sauveteurs dégagèrent M. Palaric, enseveli dans les décombres.

Il avait cessé de vivre.

 

Dans un autre immeuble, près d'une place, où trois bombes n'avaient fait que

de larges entonnoirs, une quatrième bombe creusa une profonde brèche.

 

Une femme, Mme Lazennec avait été tué sur le coup.

Une Jeune fille, Mlle Caroline Fagon, 16 ans, de Plouguin, employée depuis peu comme servante, succomba quelques heures après à ses blessures.

 

Dans un autre quartier, deux Jeunes mariés, M. Kerhoual, 25 ans,

et Mme Kerhoual, née Leizour, 18 ans, ont été tués dans leur lit.

 

Les cinq cadavres ont été transportés à la morgue de l'hospice civil.

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Dans l'immeuble où Mme Lazennec et Mlle Fagon ont trouvé la mort,

M. Jean-Louis Appriou, 33 ans, maitre infirmier, a été grièvement blessé :

Fractures des Jambes,  plaies à la tête ;

Mme Marie Cadiou, veuve Boucher, 61 ans, ne porte que de nombreuses contusions, heureusement sans gravité.

 

Il en est de même de Mlle Léontine Morvan, 22 ans (plaies contuses à la tête),

et de Mme Julia Albanic, 71 ans, atteinte de plaies contuses à la tête

et à la Jambe gauche, tandis que sa petite fille, Mlle Nicolas,

qui se trouvait près d'elle, ne porte aucune blessure.

 

Enfin, Mme Yvonne Thomas, 52 ans, porte une plaie à la tête et a pu,

après pansement, quitter l'hôpital où tous ces blessés avaient été conduits

dans la nuit.

 

D'autres blessés ont reçu des soins à leur domicile.

Il ne s'agit pour eux que de contusions ou de plaies produites par la chute

de matériaux.

 

On cite des cas surprenants :

 

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Un boucher et sa femme, restés au lit, ont senti subitement le parquet s'écrouler

et sont tombés du 1er étage dans la cave, sans avoir aucun mal.

 

Dans une rue voisine, c'est une jeune fille, la façade de la maison s'étant écroulée, qui s'est vue,

sans s'en rendre compte, transportée dans son lit dans le Jardin.

Elle s'en est tirée avec quelques écorchures aux Jambes.

 

Dans la banlieue, sept locataires, assemblés dans le couloir de leur maison dont ils avaient laissé la porte ouverte, suivaient, assez imprudemment, les tirs nourris de la D. C. A., intéressés par le spectacle des projecteurs fouillant

le ciel et les vols planés des fusées éclairantes, quand une bombe, après avoir fait un trou au toit,

vint éclater dans le jardin, au pied de la maison, creusant un entonnoir dont la terre fut projetée sur les murs.

 

La déflagration arracha la façade du rez-de-chaussée, fit écrouler

un pilier de la porte du jardin, mais personne ne fut blessé à l'intérieur, les meubles mêmes ne subirent que peu de dégâts.

 

« Quand j'entendis le sifflement, nous dit un des locataires,

je me précipitai au secours de mon enfant, que nous avions laissé endormi dans son berceau.

« En arrivant dans la chambre, l'immobilité du petit fit pousser

à ma femme, déjà toute tremblante, une exclamation : « il est mort ! »

Mais, un souffle léger s'échappait de sa poitrine.

Notre enfant poursuivait tranquillement son sommeil.

Le bruit effroyable de l’explosion ne l'avait même pas éveillé. »

 

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Voici une opinion qui traduit exactement l'impression générale :

« Tout se passe si vite, que ce n'est qu'après l'écroulement et après que le nuage de poussière qui vous enveloppe s'est dissipé, que l'on commence à avoir peur.

Sur le moment, on reste comme pétrifié, paralysé et, malgré le désastre dont on est victime,

on se félicite d'avoir échappé à la mort. »

 

Hélas! Cinq morts sont encore cette fois à déplorer.

Nous prions leurs familles d'agréer nos bien sincères condoléances.

 

M. Le Gorgeu, sénateur-maire, et M. Servain, sous-préfet, ont visité et réconforté les sinistrés,

puis ils se sont rendus à la morgue de l'hospice pour s'incliner devant les corps des victimes de ce bombardement.

 

Hier, vers 16 heures, les artificiers allemands ont fait sauter, sans incident, une bombe non explosée.

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