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Chroniques d'un monde paysan à jamais disparu
Louis Conq de Tréouergat raconte ...
 

Source : "Les échos du vallon sourd" de Louis Conq - Brud Nevez

Remerciements à Lucien Conq

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La crise de 1934
 

Mon existence de collégien ne dura pas bien longtemps.

Dès 1934, ce fut la crise dans nos campagnes, comme aussi en ville, dans le monde ouvrier.

Les gars de l’arsenal manifestaient dans les rues de Brest et chantaient à tue-tête :

« Avec sa gamelle, à p’tit pas, p’tit pas !

Avec sa gamelle, au port, il s’en va ! … 

Que faire ?

Dormir toute la journée et puis le soir encore !

Voilà la destinée de l’ouvrier du port. »

 

Il n’y avait plus de travail, ni en ville, ni au port, ni à la campagne.

Mon père allait à la Grand-Messe avec cinq sous au fond de sa poche pour sa chaise à l’église, et rien de plus.

 

C’est pourquoi, la messe terminée, il partait bien vite du cimetière.

Prenant le raccourci par l’escalier du placître, il descendait directement sur le chemin de la ferme.

Il n’avait pas l’argent de la moindre tournée au bistrot.

Et encore moins celui de son « pauvre » paquet de tabac gris à rouler pour sa semaine.

Quelle dure époque !

C’est ainsi qu’un jour, le voilà qui me dit :

« Ton Collège, il est fini, mon gars !

Il n’y a plus un sou chez nous.

Et puis, il y a les quatre autres qui te suivent.

Il convient que nous leur donnions, autant que nous le pourrons,

le minimum d’instruction, tu vois ! »

 

J’avais eu mes douze ans au mois de mai.

J’avais fait complètement et convenablement

ma classe de cinquième.

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