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Chroniques d'un monde paysan à jamais disparu
Louis Conq de Tréouergat raconte ...
 

Source : "Les échos du vallon sourd" de Louis Conq - Brud Nevez

Remerciements à Lucien Conq

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Marraine
 

Nos pères nous marquaient beaucoup.

Mais nos mères encore plus, certainement.

Telle « Marraine ».

C’est ainsi que l’appelions tous, Grand-Mère Louise.

Nous en étions adorés, nous ses petits-enfants, qu’elle aimait tant avoir autour d’elle.

 

Atteinte d’asthme depuis longtemps, elle ne pouvait plus maintenant faire grand-chose.

Aussi demandait-elle souvent l’aide de ses petites-filles pour venir lui faire son ménage, ainsi que le sarclage ou s’occuper de ses fleurs à Penn-ar-Prad.

Elle venait alors devant sa porte, avec sa chaise, pour les regarder travailler.

Elle disait que celui qui aime les fleurs, aime plus facilement tout ce qui est vertu.

 

Au jour de l’An, il y avait toujours chez elle, avec Parrain, un modeste repas de fête pour leurs enfants et les plus jeunes petits-enfants.

Les autres, déjà adolescents ou presque, avaient droit à la veillée du soir.

Nous les fatiguions sûrement avec nos cris, nos rires et nos chansons.

Elle ne le montrait guère.

Elle semblait très heureuse avec nous, et Parrain aussi sûrement.

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Elle y « allait » encore de quelques chants, de sa voix un peu cassée, si belle autrefois, au temps où elle avait pris comme aide la grande chanteuse Anastaz, en notre église de Tréouergat.

 

Pour ses Noces d’Or, elle n’avait pu venir avec nous jusqu’à l’église, avec Parrain.

Mais après la Messe d’action de grâces, tout le monde se rassembla autour d’elle à Penn-ar-Prad, sur les bancs rangés devant les tables installées sur l’aire à battre pour le banquet.

Une fort belle fête avec le Kig-ha-Fars naturellement, des jeux ensuite, des histoires et des chansons.

 

Ce fut Yvonne qui lui donna le chant-thème de la journée :

« C’est une vaillante Bretonne de soixante-treize ans dont l’automne reverdissant se moque des hivers attristants.

En son petit coin de pays, chacun la vénère.

Mais moi, je l’adore en mon cœur.

Si vous connaissiez ma Grand-Mère, vous feriez comme moi, oui comme moi ».

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