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Chroniques d'un monde paysan à jamais disparu
Louis Conq de Tréouergat raconte ...
 

Source : "Les échos du vallon sourd" de Louis Conq - Brud Nevez

Remerciements à Lucien Conq

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L'Onk, la vilaine avoine-à-chapelet
 

La page de ma vie de collégien bien tournée, mon Père me fit cependant, pour continuer quelques études,

inscrire aux Cours Agricoles par Correspondance de Landerneau.

Alors, je me mis à peiner sur la zootechnie, la botanique, des notions très élémentaires de chimie, l’étude des sols,

et quantité d’autres matières, toutes de réelle valeur.

Je m’en rendais bien compte.

Mais comme c’était difficile de travailler tout seul, sans l’aide, ni l’appui solide de qui que ce soit !

 

Nos professeurs, en guise de corrigés, donnaient en exemple des passages des meilleurs devoirs de garçons suivant les mêmes cours et indiquaient le nom de l’auteur.

Je tâchais de travailler d’arrache-pied, et de temps à autre, mon nom se trouva cité.

 

À la fin de l’année, j’eus droit à un très modeste prix.

Je choisis le livret « L’emploi du purin en France et en Allemagne ».

Je savais pertinemment que nos maigres terres ne deviendraient grasses que par l’apport d’engrais.

L’emploi du purin en France et en Allemagne _01.jpg

 

Mon père en était lui-même absolument convaincu.

Mais toujours pas de moyens financiers !

Que faire pour engraisser convenablement les terres et en tirer quatre ou cinq fois plus ?

 

Comment résoudre le problème d’extirper toutes nos « mauvaises herbes » :

« L’Onk », cette vilaine avoine-à-chapelet absolument diabolique et par-dessus le marché, les ravenelles

et les pâquerettes des champs ?

Toutes ces herbes annuelles si malfaisantes qui doraient si vilainement nos moissons,

quand ce n’était pas le « sarrazin » lui-même.

Comment lutter efficacement ?

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Autour de nous, il n’y avait que les gars d’Enez Rouz qui venaient, convenablement, à bout de leur sarclage,

et cela régulièrement tous les ans.

Mais aussi de quelle équipe d’hommes disposait-il le Vieux-Klastrig avec ses cinq fils !

 

À Pervézen, de même, c’était une merveille, et la terre donnait une moisson nette autant que fournie

et de haute qualité.

Là-haut, le « Pauvre-Gars », malgré quelques « bonnes petites bourrées » récoltées de temps à autre

et qui nous amusaient parfois tellement, était un travailleur.

Un laboureur de tout premier ordre.

 

Les chemins autours de chez lui étaient au-delà du « soigneusement empierré », et nettoyés de leur boue d’hiver.

Les talus recevaient leur toilette d’entretien en une « verticale sans reproche ».

Les coins d’entrées des champs étaient tout aussi élégants que bien des portails des cours de certaines fermes.

« An traou e ratre ! » : Les choses impeccables partout.

 

Tandis que chez nous, assez fréquemment, la mort dans l’âme, nous n’avions plus que la solution d’atteler

la vieille faucheuse pour étaler des pans entiers de notre moisson encore en herbe, dans des garennes entières …

 

Quel crève-cœur !

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