top of page

Chroniques d'un monde paysan à jamais disparu
Louis Conq de Tréouergat raconte ...
 

Source : "Les échos du vallon sourd" de Louis Conq - Brud Nevez

Remerciements à Lucien Conq

Louis Conq _02_0002.jpg

Sortie des pensionnaires au Bouguen
 

Et « P’tit Jésus », cela ne vous dit rien ?

Non, bien sûr !

Quand nous allions en promenade, nous étions toujours accompagnés du « Père Floc’h »,

nous dirions Monsieur Le Page en français ou écuyer.

Il nous conduisait souvent au Bouguen, sur un plateau bordé de douves et de fortifications de Vauban.

Là, nous jouions au football.

Il n’y avait pas encore de terrain où nous aurions pu taper dans le ballon.

Ah bien ! C’est là que nous trouvions un vieux bonhomme

avec un chapeau tout luisant de crasse et sa petite baladeuse pleine

de paquets de cacahuètes, de bûchettes de bois de réglisse à mâcher

et de toutes sortes de bonbons.

Nous avions en prime des tas d’histoires en attendant le dernier sou

qui « brûlait » encore le fond de nos poches.

Il faisait de fort bonnes petites affaires avec nous,

ainsi qu’avec les garçons du Lycée.

Mais pas avec moi, cependant !

Avec mes seuls dix sous tous les quinze jours, quand je les avais !

Ils ne faisaient pas long feu.

 

Parfois, le vieux marchand donnait quand même quelque chose à ceux

qui n’avaient rien pour payer.

Et c’est bien, peut-être, pour cela que nous lui avions donné le surnom

de « P’tit Jésus ».

 

Souvent, le Père Floc’h avait bien du mal à rassembler sa troupe,

bien qu’il se mit à tempêter comme un beau diable.

Que de cachettes il y avait là-bas !

 

Camelot _03.jpg

Parfois aussi, les gars de la Coloniale venaient manœuvrer et faire « la petite guerre ».

Ils tiraient à la mitrailleuse, couraient le fusil à la main et s’affalaient à plat ventre derrière les arbres.

 

D’autres soldats se trouvaient eux, en bas, dans les anciennes douves ou fossés larges comme des routes,

sautant par-dessus des trous profonds, ou se faisant la courte échelle par-dessus des pans de murs

ou d’énormes barrières-palissades.

Ainsi, pour ceux-là, c’était tous les jours « jeudi » au Bouguen !

 

À midi, leurs « pions » faisaient sonner le clairon, l’heure de la soupe, et ils ne se faisaient pas « tirer l’oreille ».

Camelot _02.jpg
bottom of page