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Chroniques d'un monde paysan à jamais disparu
Louis Conq de Tréouergat raconte ...
 

Source : "Les échos du vallon sourd" de Louis Conq - Brud Nevez

Remerciements à Lucien Conq

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Valentinig
 

Parmi les enfants de Pont-Prennig et de Nonnon, nul doute que Valentine était certes la plus jeune, mais la plus vive des trois.

Oh ! Ils ont du très tôt trouver près d’elle beaucoup de plaisir et d’amusement, car c’était une fille à la langue merveilleusement déliée.

Ses yeux fripons n’avaient peur de rien.

Elle était toute jeune encore lorsqu’elle vit son père prendre par la queue une vipère aventureuse, lui faire faire deux ou trois moulinets à bout de bras, et lui cogner la tête sur la pierre du mur pour la tuer.

 

Quelques années plus tard, Valentinig, déjà petite fille dégourdie, en fit tout autant devant les solides garçons des environs.

Une vipère traversait la route devant eux, se pressant sous un soleil encore assez ardent, devant les yeux glacés des jeunes gens.

Valentine vivement s’élance, et prestement lui saisit la queue et, d’une série de moulinets, lui frappe la tête sur le chemin.

Ça alors, les gars !

C’était vous en mettre … sur le plat !

 

C’était une fille musclée, ce qui était utile dans son métier de meunière.

Elle maniait sans façon les sacs de grains et de farine, tout comme son père ou son frère.

 

Quand mon père partit pour la caserne, avec un an d’avance, c’était en 1913 et la guerre menaçait déjà, Valentine se chargea d’une partie des tournées de portage.

Tout au long de la guerre, les sacs de grains et de farine lui passaient sur les épaules aussi aisément que pour bien des gars et même mieux, d’autant plus qu’elle aimait bien « crâner ».

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